Le pied

Tout a commencé au début de l’été 2008.

A l’époque, je bossais en contrat d’avenir dans une école maternelle. J’aimais bien ce boulot, faire le con avec les mômes, apprendre à untel à lacer ses lacets, à machine qu’après quatre il n’y a pas six, mais bien cinq.

Et puis le soir, j’allais boire des coups avec les copains ; et puis je lisais les journaux ; et puis je suis tombé sur cette histoire de subprime. Et j’ai rapidement compris que ça allait être une boucherie. Oh, fallait pas être bien futé pour comprendre que le chateau de cartes allait s’effondrer sur nos tronches, les journalistes français qui couvraient l’affaire le disaient à demi-mot.

Je racontais tout ça aux copains du bistrot, même qu’ils me prenaient au sérieux, Picon-bière ou pas.

Et puis tout s’est effectivement cassé la gueule sur nos tronches. Enfin sur la tronche des Ricains d’abord, des Ricains pauvres, à qui on avait prêté du pognon, pour acheter une maison, une belle maison avec une pelouse comme dans les séries télé. J’espère qu’ils ont eu le temps d’en profiter un peu, avant que la banque vienne la saisir.

Et puis, après, le merdier en Europe est arrivé. J’ai jamais bien compris l’enchaînement logique. (Je ne suis pas sûr qu’il y ait un enchaînement logique.) Toujours est-il que ça a commencé à chauffer pour les Grecs, les Irlandais, les Portugais, les Espagnols. Je te refais pas la totale, j’en aurais pour la nuit.

Des peuples plongés du jour au lendemain dans une horreur économique à laquelle ils ne pouvaient pas grand-chose. Des Espagnols virés de chez eux. Je me souviens de photos de vieilles dames espagnoles foutues à la rue. Aujourd’hui encore, j’ai les larmes et la gerbe qui montent rien que d’y penser. Bon, j’arrête la lacrymo.

Pendant toutes ces années (putain, ça dure depuis six ans et demi), j’ai toujours été pessimiste. Je voyais la montée d’Aube dorée (les nazis grecs). Et je me disais que ça allait forcément finir comme ça, dans la gerbe, le dégoût, le nazisme.

Et puis, là, Syriza gagne les élections en Grèce. J’aurais jamais misé un €, même dévalué, il y a deux ou trois ans. Et puis, Podemos envoie une manif de malade à Madrid quelques jours plus tard.

Alors, permettez-moi de prendre mon pied, de lui faire l’amour, deux fois, dix fois, et de kiffer comme un maboul.

Tout est mal qui finit (on verra) bien (on verra).

La bise.

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