Alors que les négociations entre la Grèce et ses créditeurs, la troïka FMI-BCE-UE, semblent arrivées à leur terme, alors que l’on se dirige vers un défaut partiel fin juin et une sortie de l’euro en catastrophe, que peut-on dire du rôle de la France après quatre mois de palabres ?
Pas grand-chose et beaucoup à la fois.
Vu de l’extérieur, Michel Sapin paraît presque plus inutile que ne le fut son prédécesseur, ce qui n’est pas peu dire. Quant à savoir quelles furent ses prises de position, si tant est qu’il y en eut, lors des différentes réunions de l’Eurogroupe, le secret des discussions entre ministres des Finances de la zone euro nous empêche d’en apprécier la teneur. Tout porte à croire que notre bon ministre s’est borné à faire acte de présence, mais je n’irai pas plus loin dans le procès d’intention.
Passons sur le fait qu’il existe bel et bien – si si, vous pouvez vérifier – un secrétaire d’Etat aux Affaires européennes, dont l’éloquent silence aura grandement contribué à réaffirmer, avec force, la discrète modestie de son action.
Passons sur le fait qu’il existe également – cela n’aura échappé à personne – un Premier ministre, aux discours enflammés à s’en péter les boyaux, aux hurlements stridents, visage cramoisi par l’intensité de l’effort patrouillotique, dans l’esprit du 11 janvier. Lui semble, littéralement, si vous me passez l’expression, s’en battre les couilles de la Grèce.
Reste donc notre président de la République. Qu’a-t-il fait, lui, de ces quatre mois ?
Eh bien, rien.
Que dalle.
Il s’est contenté de laisser le bébé à Mme Merkel. Celle-ci n’aura pas réussi à se dépatouiller, malgré une volonté, que je pense réelle, d’aboutir à un compromis avec la Grèce, des contradictions de sa coalition gouvernementale et au sein de son propre parti, entre les durs de durs, les durs, les durs un peu mous, les mous rigides, et j’en passe.
Mais alors pourquoi cette constante indolence présidentielle ?
Il y a fort à parier qu’une intervention française (voire franco-italienne) aurait permis d’arriver à un accord acceptable par tous (ou presque).
Il faut, je crois, se rendre à la triste, à la pathétique, à l’affligeante évidence que cette stratégie d’absence volontaire, de silence boudeur, d’indifférence presque assumée, est en réalité la seule stratégie de la France dans cette histoire : celle du pourrissement.
Pour des raisons de politique intérieure (ne surtout pas laisser penser qu’une autre voie que celle d’un néo-libéralisme débridé est possible), il faut tuer Syriza. Tant pis si dans le même temps on tue le peuple grec, la monnaie unique, la communauté européenne, tant pis pour les remboursements de dette grecs qui ne tomberont plus, tant pis pour la dignité, tant pis pour le peu de crédit qu’il reste à notre fier pays.
Tout cela est misérable et honteux.